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  • LA VERDADERA HISTORIA DEL RODAJE DE SIERRA DE TERUEL (Esp/Fra/Cat)
    • L’HISTOIRE VRAIE DU TOURNAGE DE SIERRA DE TERUEL
    • LA VERITABLE HISTÒRIA DEL RODATGE DE SIERRA DE TERUEL (cat)
VISOR A LA HISTORIA

4.1. LE TOURNAGE AOÛT 1938 -2 (4.1.7- 4.1.12)

Août 1938 -2 (4.1.7-4.1.12)

4ème étape : Août 1938-2 (4.1.7-4.1.12)

4.1.7 Les problèmes continuent. Découverte du Pueblo Español.

4.1.8.- Une séquence non planifiée.

4.1.9.- Rue Santa Ana.

4.1.10 – Sabadell.

4.1.11. Pas question de sortir, Munoz.

4.1.12. – Dans la rue Montcada.

 

 

4.1.7 Les problèmes continuent. Découverte du Pueblo Español.

Le problème des batteries du camion de son semble être le résultat d’une malédiction. C’est ce que Josette, superstitieuse, dit à André. Lui n’y croit pas, mais il croit au destin, et le destin lui dit que sa mission est de terminer le film, coûte que coûte !

Les derniers jours ont été terribles, obligeant à l’inactivité. Le bombardement intensif du vendredi 19 a fait vingt-quatre morts et plus de quatre-vingts blessés. Certaines des bombes larguées par les Savoia S79 sont tombées très près du lieu de tournage quelques jours plus tard : sur les Ramblas, près du marché de la Boqueria. D’autres à la Barceloneta et au Port, d’autres encore à Pueblo Nuevo et au parc de la Ciutadella[i]. Le communiqué du ministère de la Défense indique : « L’appareil d’invasion, peut-être dans l’intention de se venger de la dure punition infligée quelques jours plus tôt sur le front de l’Èbre, a lancé une grande quantité d’explosifs… »[ii] C’est le cas. Entre le 19 et le 25, de violents combats ont lieu autour de Villalba dels Arcs, notamment au niveau du Vertex Gaeta[iii]. Il s’agit de la troisième contre-offensive de Franco, qui n’a pas beaucoup progressé mais qui a causé un grand nombre de pertes parmi les forces républicaines.

L’événement a coïncidé avec la visite à Barcelone de la commission parlementaire britannique chargée de constater les effets des bombardements sur la population civile. La Humanitat, commente : « La visite des commissaires britanniques sur le bombardement des villes a coïncidé avec une nouvelle agression étrangère contre la population civile… »[iv], et ajoute le lendemain : « Toute la presse anglaise a fait de grands titres sur la dernière attaque de Barcelone, aux premières heures du vendredi matin, et a souligné qu’il s’agissait de l’un des pires qui aient eu lieu à Barcelone depuis le mois de mars… »[v]. La commission britannique a poursuivi sa route jusqu’à Alicante, où elle a pu voir plusieurs navires britanniques coulés par les attaques aériennes des rebelles[vi].

Le facteur international est l’un des sujets dont parlent Malraux, Marion, Aub, Page, Thomas, sa femme Paula et Josette, invités par Met Miravitlles à déjeuner à La Puñalada, le restaurant du Passeig de Gràcia, fréquenté par les membres du Comissariat de Propaganda, loin des points de bombardement habituels, plus près du port.

—Il semble que Franco ait répondu aux propositions britanniques de retrait des forces internationales du conflit. Je ne sais plus où je l’ai lu.

—S’il prête la même attention qu’aux appels à la non-intervention », souligne Malraux.

—Nous n’avons toujours pas le film vierge que nous espérions il y a une semaine. Même si nous avons décidé de tourner des intérieurs, il n’y a rien à faire sans pellicule. N’auriez-vous pas, Met, quelques mètres à Laya ?

-Demandez au ministère de l’Instruction. Met Miravitlles, nationaliste catalan jusqu’au bout des ongles, est indigné par les récents événements qui ont conduit à la démission d’Ayguadé et d’Irujo du gouvernement de Negrín : Le gouvernement de la République a saisi toutes les industries de guerre situées en Catalogne.

-Les industries de guerre appartiennent à la République depuis le début, ou du moins depuis l’année dernière. Elle n’a touché que celles créées par la Generalitat, quinze, je crois[vii], qui ne sont pas toutes en activité -Aub est un partisan du socialiste Negrin.

Il est difficile de préciser comment ils ont pu influencer le tournage de Sierra de Teruel, les tensions entre le gouvernement de la République et celui de la Generalitat, qui à cette époque étaient dans un moment de grande belligérance. À cela s’ajoutent les divergences entre syndicats.

Si d’une part le financement est venu en totalité du ministère espagnol, il est également vrai que la Generalitat a prêté les locaux pour Producciones Malraux.

-Oui. Ce n’est pas seulement à cause des installations. C’est une infraction après l’autre. Alors qu’ils fassent la guerre ! Quand on voit la tournure que prennent les choses… Pas étonnant. Il y a une semaine, Negrín a signé cinquante condamnations à mort auxquelles nous (nous : la Generalitat, les Catalans…) étions opposés. Le jour même où ils ont été fusillés, le gros président a signé le décret. Quel maquereau ! Aidé par les communistes, il lance une grande offensive contre l’esprit démocratique de notre pays[viii].

Miravitlles s’excite, boit, se lève pour suivre son discours, se sent l’axe de la réunion. Pour éviter la continuation, Thomas, prenant sa femme par la main, lui coupe la parole :

—D’accord, mais qu’en est-il de la pellicule ? Au moins quelques rouleaux de pellicule vierge. J’en ai trouvé quelques-unes à Lepanto, mais elles sont à haute sensibilité, pour les nocturnes, que pour l’instant, sans avion, nous ne pouvons pas utiliser.

—Je sais qu’au ministère, ils ont gardé quelque chose pour ¡No quiero, no quiero ! Mais maintenant, avec l’augmentation du contrôle et de la rigidité administrative… Peut-être qu’ils choisiront de te le laisser à toi plutôt qu’à Elías et à ses amis de la CNT[ix]. Qu’est-ce qu’il va se faire chier. Mais essayez. Je n’ai pas envie de m’occuper d’eux.

Aub, au concret. Il déteste les frictions entre les Catalans et la République, si préjudiciables à l’évolution du conflit.

-Bon. Il restera un peu de pellicule. Si ce sont des plans courts, des plans d’intérieur, on peut avancer, même si c’est peu.

-La première chose : finir cette foutue droguerie. Il faut rendre les ustensiles. Ensuite, nous pourrons commencer par des plans d’intérieur du comité de Linás.

—Je n’ai pas encore fait traduire le scénario de ces séquences, je pensais qu’on irait dans l’ordre. Je pensais qu’on irait dans l’ordre.

—Eh bien, dépêchez-vous — dit Malraux en essayant de ne pas paraître trop dur.

—Demain, je parlerai aux filles. Elvira m’aide beaucoup.

Las tres secretarias en el balcón del Comissariat (Elvira en el centro)

Les trois secrétaires sont jeunes et sympathiques, mais pas forcément adaptées au rythme effréné de Malraux et Aub. Elvira Farreras, recommandée à Max Aub par le directeur du Museo de Arte Moderno de Madrid, réfugiée à Barcelone[x]: Marta Santaolalla[xi], nièce de l’acteur Pedro Codina et Zoé Ramírez, nièce de Mari Luz Morales[xii]. Cette dernière a également collaboré au tournage de Sierra de Teruel, en tant que critique de cinéma et de théâtre pour La Vanguardia, journal dont elle a été rédactrice pendant quelques mois, ce qui lui a valu d’être jugée lors de l’entrée des troupes rebelles à Barcelone.

—Avez-vous fait le tour du Pueblo Español ? On peut fixer les lieux de tournage ? —demande Marion.

—Non, je n’arrive pas à suivre le rythme de travail. D’ailleurs, nous avons encore des choses à faire à La Volatería. En fonction de l’évolution de l’Ebre, il pourrait être plus difficile d’obtenir un avion pour des prises de vue aériennes. Si le Latécoère ou le De Havilland sont détruits, nous ne pourrons pas prendre les vues et je doute que la collecte de bribes d’archives nous suffise. Et le dialogue entre Peña et Muñoz n’est pas encore terminé[xiii].

Mais Marion veut garder le contrôle qu’il croit que Malraux lui a confié :

—On verra. Nous n’avons pas encore le développement de Paris. Quand nous l’aurons, nous saurons si nous devons répéter quelque chose, ou comment terminer ce qui est en suspens. Demain, nous allons tous les deux au Pueblo Español. Je pense que, même s’il y a le SIM et leurs prisonniers[xiv], nous pourrons trouver une grande pièce que nous pourrons utiliser comme Linás et, pourquoi pas, un extérieur qui nous évitera de longs voyages, maintenant qu’ils sont restreints. Orphea, mieux vaut la laisser pour les quartiers de l’escadrille.

Le matin, Denis et Max se sont rendus au Pueblo Español. En arrivant, ils ont déjà vu des détails et des situations qui annoncent des difficultés de toutes sortes. Le « Camp de travail n° 1 »[xv], comme on l’appelle maintenant, dépend du ministère de la Défense, comme leur a dit le chef du service intérieur, un vétéran peu sympathique. Le camp sert de régulateur aux autres camps, accueillant les nouveaux prisonniers et les orientant vers d’autres destinations, soit à Barcelone, soit sur le territoire catalan encore contrôlé par la République. Cela provoque, leur a-t-il dit, des moments de grande agitation, où l’on ne peut même pas penser à installer le dispositif de tournage, même si — a-t-il précisé devant le visage abattu de Marion — parfois il se vide et il y a des moments de repos jusqu’à l’arrivée d’un nouveau groupe de « résidents » – a-t-il remarqué avec ironie.

Ils ont fait le tour du complexe. Il y a beaucoup de potentiel pour les extérieurs, mais l’agitation des gens en lambeaux, les gardes armés et la myriade d’objets dans chaque recoin rendent difficile l’adaptation aux besoins du tournage. La première chose à faire est d’obtenir l’autorisation de filmer du ministère de la Défense. Negrín ne refusera pas, pensent-ils. Maintenant qu’il a adopté une position ferme à l’encontre des Catalans il doit montrer qu’il ne s’agit pas seulement de paranoïa. Aub ajoute que si nécessaire, André peut en parler à son ami Álvarez del Vayo, qui heureusement reste dans le nouveau gouvernement[xvi], ou mieux encore à Sánchez Arcas : aussi avare d’argent qu’il soit, il ne peut pas leur refuser une telle aide[xvii]. Sa conviction de la nécessité du film peut aplanir les réticences qu’ils avaient à la Défense.

Cependant, le fait d’aller directement au sommet peut parfois susciter le rejet des commandants directement concernés. Le sergent qui s’occupe d’eux leur dit que le SIM est responsable des camps de travail, il leur propose donc de voir d’abord Santiago Garcés[xviii], chef de l’agence de police. Ils préviendront Malraux dans la soirée.

Les autres passeront le week-end à terminer la séquence ajoutée à la dernière minute lors d’une des réunions, qui servira à orienter le spectateur vers l’action aérienne qui se prépare. Certains, en guise de pause, se rendent au cinéma Excelsior de la Gran Vía pour voir La reine Christine de Suède[xix]. La Garbo est toujours une invitation à la rêverie. Ce sera aussi l’occasion de dîner à l’hôtel Ritz tout proche, dans la chambre d’André, et de goûter aux délices que Suzanne Chantal a apportés à son amie Josette.

EN SAVOIR + : Tournage au Village espagnol (avec vidéo)

 

 

4.1.8.- Une séquence non planifiée.

La quasi-totalité de la séquence XXIVbis (entre XXIV et XXIX) est reproduite, car elle ne figure pas dans les scénarios originaux. Ni dans les manuscrits, ni dans les publications ultérieures (voir bibliographie), à l’exception de celle de Gallimard, qui reflète ce qui apparaît réellement à l’écran.

Néanmoins, il semble logique qu’avec la volonté de Malraux de tisser trois histoires (Linás et les volontaires qui l’assistent, le paysan qui traverse les lignes et l’escadrille), il ait décidé de faire une courte séquence qui informerait la dernière partie du film, la plus dramatique : l’expédition aérienne et sa fin tragique.

Cependant, il reste mystérieux qu’une séquence aussi courte et explicite, facile à tourner, n’ait pas été prévue dans le premier script dactylographié.

La semaine se termine à El Prat de Llobregat, avec le tournage des dernières séquences relatives à l’escadrille. C’est une idée de dernière minute, peut-être de Marion, qui, étant donné le désordre dans le tournage des séquences, a pensé qu’il serait bon d’inclure une section résumant la situation et les plans d’attaque à Teruel[xx] . Santpere (Peña) et Mejuto (Muñoz) sont présents pour un bref dialogue qui aidera le spectateur à comprendre les événements qui vont suivre : l’attaque du camp ennemi, le pont près de Linás, le combat aérien et l’abattage d’un des deux avions de l’escadrille.

C’est une belle journée, idéale pour se promener en plein air. Ils montent sur la terrasse de l’immeuble qui sert de bureaux. Aub sort d’un sac un carnet de notes avec un plan de la zone où sont censés se dérouler les événements.

Peña y Muñoz

La caméra à une extrémité. Malraux ordonne :

  • Vous avancez tranquillement. Vous, Mejuto, attentif, les mains dans les poches. Regardez ce que vous dit votre commandant. Vous -à Santpere-, prenez-le familièrement par l’épaule. Avancez de trois ou quatre pas. Jusqu’ici – une marque sur le sol – à ce moment-là, il sort son carnet de la poche.

Un premier plan montre la carte rudimentaire où le commandant marque la route et la ligne de chemin de fer qui coïncident près de Linás, au niveau du pont marqué de deux lignes. Le même plan qui se trouve sur le mur de ce qui, dans les studios Orphea, représente le bureau du commandant

—Vous prenez l’autre avion. La nuit, malgré tout, on peut oser frapper.

—Mais le paysan, est-ce qu’il sait vraiment où se trouve le champ ?

—Peut-être. Mais compte tenu de la région, aucune erreur n’est possible.

Au crayon, il complète le plan par deux croix : la sienne et celle de l’éventuel aérodrome rebelle. Puis, d’un trait continu, il reproduit l’itinéraire possible de l’attaque : d’abord le terrain, puis le pont.

Peña conclut le dialogue :

—Nous devons attaquer le camp à l’aube. Si nous le faisons exploser, ils ne pourront qu’avertir ceux qui sont au sud de Calamocha. Nous serons déjà sur le pont. Après…

Et d’un geste vague, il s’en remet au destin de l’expédition.

Ils ont répété plusieurs fois et une seule prise a suffi. L’économie de la pellicule est cruciale.

Malraux est satisfait. Même si c’est samedi, ils pourront en finir avec tout ce qui roule à la Volaterie, sauf ce qu’il restera au moment du combat aérien.

Pendant que la conversation entre Peña et Muñoz est filmée, les autres arrivent à La Volatería dans une camionnette. Codina a passé la nuit à Barcelone pour éviter les retards habituels qui se produisent lorsqu’il vient de Lloret de Mar. L’équipe technique est occupée à installer la caméra et les projecteurs sur le champ de tir. Il y a peu d’avions, beaucoup sont partis plus au sud, pour agir sur le front de l’Ebre. Un mois s’est écoulé et les forces sont au point mort.

Une fois réunis, ils ont été rejoints par le responsable de la formation à l’aéroport, Andrés García Calle[xxi] , qui les a félicités pour leur travail enthousiaste et s’est mis à leur disposition pour tout ce dont ils pourraient avoir besoin. Malraux fait remarquer que dans quelques jours (ce sera dans deux mois), ils auront besoin de deux Potez. L’officier sourit et murmure : bon, on verra bien.

Mais il leur rend service. Constatant la précarité manifeste des cinéastes volontaires, il leur recommande un autre lieu de tournage,

—Avez-vous visité Sabadell ? C’est là que se trouvent les équipements que nous réparons. Je suis sûr que vous pourrez trouver des images qui vous intéressent. Si vous le souhaitez, j’appelle tout de suite,

À Sabadell, on lui a dit qu’il pouvait venir quand il le voulait, qu’il n’avait qu’à appeler la veille au soir. Malraux fait le salut militaire à García Calle avec un «Merci» retentissant.

Ils se lèvent tous de la table où ils ont pris un substitut de café, et accompagnent Codina au stand de tir où tout est prêt pour répéter les prises de vue.

Rodaje secuencia XXVIII

À la fin du tournage de la séquence, où un tireur d’élite a aidé à bien marquer les cibles, ils n’ont pas réalisé ce qui est indiqué dans le scénario de la séquence XXVIII[xxii] (les tirs de Schreiner sont bons : le cadre du blanc se détache mais reste accroché). Malraux et Aub rient en se détendant. Les neuf plans de la séquence sont sortis du premier coup. Ce dernier commente :

—Les tirs précis ont fait mouche. Oui, nous avons réussi ! Ce n’est pas grave si ça ne se détache pas.

Le lundi se lève avec une autre bonne nouvelle : les pièces détachées pour le camion de son ont été expédiées de Paris[xxiii] . Dans deux jours, peut-être trois… dit Tual. Pour l’instant, ils décident de ne pas l’utiliser et de passer la semaine à tourner en studio. Ils vont filmer les réunions du comité Linás, avec des figurants venus de Prat de Llobregat, et l’intervention de José María Lado dans le rôle de José, puis de José Telmo (González). Mais le premier ne sera pas possible car l’acteur n’a pas encore été localisé. Il faudra se rendre au Teatro Catalán de la Comedia (anciennement Poliorama), au 9, Rambla dels Estudis, et demander à Enric Borras. Il saura certainement où est-il. Aub s’en occupera lorsqu’il ira écouter le discours de Prieto au théâtre, le lendemain[xxiv] . Aub l’avait déjà contacté le 12, lors de l’hommage rendu à Enric Borrás, mais depuis il n’a pas eu de nouvelles.

Ils n’ont pas non plus de trépied à roulettes. Bien qu’ils puissent en obtenir un, ils profitent de l’occasion pour envoyer Lepiani à Madrid pour en chercher un qu’ils ont localisé. Cela prendra deux mois[xxv].

Il leur faudra toute la journée pour préparer l’une des pièces comme quartier de l’escadrille : des couchettes, quelques armes, et le portrait d’une dame, détail sur lequel Malraux a insisté pour rappeler de la bien-aimée Mercery du véritable escadron, il semble que ce soit il y a des siècles, alors que deux ans seulement se sont écoulés depuis les événements. De retour à Orphea, pendant que les accessoiristes préparent la chambre, on va tourner ce qui manquait à la pharmacie.

Dans un sous-sol des studios, les acteurs qui forment le groupe de républicains qui veulent apporter des armes et de la dynamite à Linás, sont les mêmes, ou presque, de la rue Santa Ana. Les leaders sont Miguel del Castillo (Carral), qui jouera l’action héroïque et suicidaire de détruire un canon avec une voiture au prix de sa vie, et José Telmo (González), le dynamiteur asturien. L’espace est exigu et l’on n’a pas beaucoup gagné par rapport à la vannerie de la rue Petritxol, qui était l’idée initiale et d’où ont été filmées l’entrée et la sortie du groupe.

Il est possible que les séquences IV et VI, à l’intérieur de la pharmacie, n’aient pas été tournées dans les studios d’Orphea, car lors d’une visite aux archives du Collège d’Architectes, les plans n’indiquaient pas qu’il y avait des sous-sols. Une autre possibilité serait le château de Montjuich ou une dépendance du Pueblo Español que nous n’avons pas trouvée. Le passage du temps nous a empêché de localiser certains lieux, car de nombreux palais de l’exposition de 1929 ont été démolis. Ce qui est certain, c’est qu’il s’agissait d’un premier sous-sol, car au début, on entre au niveau de l’enceinte, mais on sort ensuite en montant un escalier jusqu’à un point où la lumière passe (voir l’image (Chantal (1967) : 160).

Ils reprennent le plan Gonzalez qui avait été écarté quelques jours plus tôt. Dans un bureau exigu, Carral et le délégué militaire discutent avec retenue. Ils appellent González. Celui-ci les informe du peu d’armes présentes à Linás et du risque que les rebelles contrôlent le pont menant à la ville. Le délégué leur ordonne de quitter la ville à tout prix et de se rendre à Linás.

Le tournage a dû être répétée deux fois. Les plans moyens des deux hommes fonctionnent, mais à l’appel de Gonzalez, un curieux dans la pharmacie s’est retourné et a laissé tomber un récipient de ses mains, avec le fracas qui s’ensuit. «Coupez !, quel bordel !, c’est la deuxième fois, comme s’il restait de la pellicule», s’écrie André. Pour le calmer, Aub demande une pause et se retire dans un coin pour répéter avec Telmo. Sa façon de parler ne correspond pas à ce que l’on attend du rude mineur asturien qu’il incarne. «Un peu de dynamite, je leur ai appris à s’en servir… mais ils n’ont pas d’expérience». Il le répète quatre fois, sans jamais satisfaire l’homme de théâtre qu’est Max.

Cela leur prendra toute la journée jusqu’à tard dans la nuit. Heureusement, après ce premier échec, ils ont continué à répéter, sans filmer, l’ensemble de la séquence IV dans le bureau de la direction, puis la séquence VI, dans l’entrepôt de la droguerie. En fin de matinée, la première séquence a été tournée. Cela leur a permis de démonter la caméra et les projecteurs et de les déplacer dans l’espace adjacent, qui est un peu plus grand, mais pas beaucoup, comme le montrent les images que Marion prend. Ironiquement, Aub murmure : « Au moins, la bonbonne ne s’est pas cassée ».

Les personnages Pedro et Barca entrent, avec un sac qu’ils vident sur le comptoir. Il n’y a pas de saucisses, bien que le texte l’indique. Il n’y a que quelques armes et munitions.

EMILIO : Quel gâchis de balles ! On n’en a même pas vingt par personne.

CARRAL : D’autres viendront.

Il explique ensuite comment ils pourront se rendre à Linás. Ils le feront avec deux voitures qu’ils trouveront dans un garage à la périphérie. La séquence ne sera pas jamais filmée.

Les armes sont distribuées. Carral prend le commandement sous le regard attentif du délégué. Le responsable de la rue Petritxol se promène parmi les acteurs. Traveling des visages en attente, des hommes qui savent qu’ils peuvent mourir dans l’opération.

Chacun muni d’une arme, ils montent les escaliers vers l’extérieur. Sous les coups de canon, les gouttes tombent dans la damme-jeanne au rythme inexorable du destin.

Malraux est enfin satisfait. Malgré les limites, il estime que la séquence est réussie. Il le confirmera lorsque, quelques semaines plus tard, Tual la développera à Paris.

En partant, le délégué syndical appelle Max Aub en aparté.

—Je vous laisse passer aujourd’hui. Mais les acteurs ne peuvent pas travailler pendant douze heures comme s’est produit aujourd’hui. Que cela ne se reproduise pas. Le cinéma n’a pas carte blanche.

Aub lui serre la main et le congédie sans répondre. « Quel crétin », se dit-il en voyant son corps de quichotte s’éloigner dans l’obscurité. Serramía, comme il s’appelle l’arrogant assistant, a été recommandé par Mantilla[xxvi] , lui-même imposé par le ministère, dans le but de doubler avec des Espagnols tous les postes possibles occupés par des Français, tout en veillant à l’orthodoxie de la démarche.

Il en discute sur le chemin de l’hôtel avec Elvira Farreras, qui l’accompagne et prend ensuite le tramway jusqu’au Putxet où il habite. Elle n’aime pas non plus ce claquette de bec cendré qui, protégé par sa position dans le syndicat du spectacle, se vante d’avoir participé à de nombreux tournages, alors qu’il n’y a eu en réalité que quelques documentaires.

—Avez-vous vu La Vanguardia d’hier[xxvii] ? Ils vont restreindre encore plus la consommation d’essence. Et au moment où on s’apprête à tourner à Tarragone et à Cervera, pourrons-nous le faire ? Mon frère est à Tarragone, j’aimerais bien le voir[xxviii]

Aub hausse les épaules.

—Qui sait ? Bien sûr, Tarragone est la priorité, et si nous y allons, vous pouvez compter sur nous. Ensuite, Cervera dépendra non seulement de l’essence, mais aussi de la situation sur le front. L’Ebre semble être au point mort. Et si les fascistes décident de franchir le Segre… Je ne sais pas, je crois que c’est difficile. Tu sais quoi, Elvira ? Pour l’instant, je me contente de terminer cette foutue pharmacie et, si possible, la rue Santa Ana. Et tout cela s’il y a du film, ce qui est une autre affaire. Pour couronner le tout, samedi, l’entrepôt de la maison Diamante, rue Bailén[xxix] , a brûlé. Des milliers de mètres de pellicule ont été réduits en cendres.

La mise en évidence du caractère inflammable de tout le matériel rendra d’autant plus difficile le transport par avion, estime Aub. De son côté, Malraux a réclamé des arriérés

Notes de Max Aub, avec quelques numéros de téléphone qu’il avait l’habitude d’appeler (IVC).

au ministère des Finances. Des collectes sont également organisées à Paris, les fonds étant directement versés à Tual. De toutes les difficultés rencontrées, le manque de matériel cinématographique est le plus grave. Une réunion avec Sánchez Arcas, sous-secrétaire à la Propagande, est prévue pour activer les paiements promis. Mais ce n’est pas le manque d’argent, aussi grave soit-il, qui est en cause, mais la diversité du matériel utilisé et, surtout, les retards dans les expéditions à destination et en provenance de Paris. Tout cela mettait en péril la possibilité d’obtenir un film d’une qualité minimale pouvant être projeté dans les salles américaines, possibilité envisagée dès le début du tournage[xxx] . Le rêve de Malraux de tourner une version américaine est resté en suspens, après que la version française a déjà été exclue en raison de l’imposition du gouvernement espagnol, qui la sponsorisait, et aussi en raison du manque de devises disponibles. Mais même le tournage en Espagne devient impossible, car le film vierge doit être acheté à Paris. Les appels téléphoniques incessants vers la France ont même conduit la présidence du gouvernement à adresser un avertissement au Comissariat de Propaganda en raison de leur coût élevé.

EN SAVOIR + : Mai 1938 : Max Aub rejoint le groupe.

 

4.1.9.- Rue Santa Ana.

Le 24, il s’agissait de préparer le tournage dans la rue Santa Ana, indispensable pour montrer une action qui évite trop de séquences intérieures avec d’interminables bavardages. André, Max, et surtout Page, se sont occupés de rechercher les emplacements idéaux, ou possibles, pour les caméras. Ils ont même demandé au concierge du numéro 30 les clés pour monter à l’entresol, où apparemment personne n’habite. Parfait ! s’exclame Malraux, caméra au poing, en se concentrant sur la grille qui donne dans le parc de l’église Santa Ana, à quelques pas de la place Catalunya. Cela pouvait aussi bien se passer depuis la porte, même si pour le plan d’ouverture, avec les républicains arrivant au point où ils s’arrêteront, effrayés par le passage des «Maures», Malraux, sur les conseils du responsable de la photographie, décide de placer l’appareil à l’entrée de la rue de Belltrellans.

Il y a donc trois points où la caméra Parvo peut être placée : l’intersection susmentionnée, à côté de la clôture et à partir du numéro 30.  Les trois projecteurs disponibles seront placés un peu plus loin, vers Las Ramblas. Aub se chargera d’y placer les gardes d’assaut qui empêcheront les curieux de gâcher le peu de pellicule dont ils disposent. La frontière sera marquée par la ruelle à l’embouchure du Callejón de San Buenaventura. Le Valencien commente : « Je vois trop de saint pour propager la cause républicaine ! »

Les rails et la plate-forme de la remorque à utiliser ont été laissés dans un coin. Elle ne peut pas être placée au début, car son emplacement est celui où les guérilleros passent, dans leur aller-retour précipité, dans le plan initial.

Rue Petritxol, devant la boutique du vannier Lledó. A droite, le gérant (Universo Max Aub).

Comme ils ont le matériel à portée de main, ils auront utilisé l’après-midi pour filmer les brèves secondes de l’entrée et de la sortie de la pharmacie, dont l’intérieur est à moitié tourné dans les studios d’Orphea. Ils l’ont fait dans la rue Petritxol, en utilisant la vannerie Lledó, au numéro 15. Cela n’a duré que quelques secondes, pendant lesquelles ils ont filmé le volet d’entrée, avec l’enseigne publicitaire, à laquelle s’adresse le commissaire politique[xxxi] . Immédiatement, avec la caméra à l’intérieur, la sortie des volontaires chargés de dynamite est filmée, pour laquelle le gérant de l’établissement soulève la porte métallique. Puis, satisfait, Page les a photographiés devant le magasin, où ils ont demandé au gérant de se joindre au groupe.

Tôt le lendemain matin, jeudi 25, les acteurs et l’équipe se sont réunis au bar Nuria[xxxii] , en haut des Ramblas. Page et Thomas, avec quelques assistants, ont pris de l’avance et sont déjà en train de faire les approches possibles dans la rue Santa Ana, dans la partie proche du Portal de l’Àngel. C’est l’euphorie. Les premiers extérieurs dans la ville, avec la perspective d’un tournage continu d’une séquence complète.

-Si cela continue, le film sera prêt à la fin de l’année», déclare Aub, la bouche encore pleine.

Ils prennent le petit-déjeuner, il y a des fonds pour le payer.

Malraux, plus agité, se lève et, tapant dans ses mains, s’empresse de mettre fin à la discussion.

Rue Santa Ana. Curieux (Picon,1970)

Ils franchissent la barrière formée par une demi-douzaine de gardes et de nombreux badauds, dont certains sur une estrade qui servira plus tard aux projecteurs. Il y a quelques jours, depuis Propaganda, Sánchez Arcas a parlé au ministre de l’Intérieur, Paulino Gómez, et a réussi à obtenir une demi-douzaine de soldats. Les relations avec la Generalitat sont tendues. La semaine précédente, pour protester contre la mainmise du gouvernement central sur les industries de guerre en Catalogne, deux ministres avaient démissionné,[xxxiii] : Ayguadé, ERC et ministre du Travail, et Irujo, PNV et ministre sans portefeuille, en solidarité avec le premier. Ce n’était pas le moment de laisser aux Mossos de Esquadra (police autonomique) la possibilité de jouer un rôle de premier plan.

Paula[xxxiv] , après avoir donné un baiser à son mari en guise de bon présage pour le départ, lève la main et dit :

-Carral, Damián, Luis, González… -ils ont décidé de les appeler par le nom du personnage-, Ramos, Agustín….

Ramos lève la main. Sur un geste de Paula, il indique :

-Gonzalez n’est pas venu. Nous l’avons fait répéter, mais hier il s’est senti malade.

Max et André se regardent. «C’est parti», pense le premier. La réponse du Français ne se fait pas attendre :

-Cela n’a pas d’importance. Nous passerons sa partie. Allez, commençons[xxxv].

Diligemment, Mme Boutault biffe quelques lignes du texte dactylographié qu’elle tient à la main.

Tous à leur poste, la caméra à l’entrée de Belltrallans. L’équipe autour de lui, Malraux s’appuyant sur la main de Page. Un peu en retrait, Aub termine un sandwich. Sur un regard de Max, il s’avance et dit :

-Tout le monde marche vite, déterminé. À l’arrière du groupe, vous deux avec la dynamite, et le dernier, « point et trait ». Quand vous atteignez le point marqué au sol, vous vous arrêtez un instant, puis vous revenez en courant. On essaie une fois.

Agustín a été surnommé ainsi en raison de sa boiterie qui, en revanche, remplira parfaitement son rôle de raccord avec la séquence suivante, déjà à Tarragone.

Le groupe avance. Les deux de devant courent trop vite, ceux qui sont chargés de la boîte d’explosifs, en retard.

-Stop ! Trop loin les uns des autres. Toi, ne cours pas si vite, bon sang ! Allez, encore.

La seconde est plus satisfaisante. Il ne s’agit que d’une vingtaine de mètres, ce que la caméra tourne, entre les deux angles de la ruelle. Ils répètent une troisième fois et tournent.  Lepiani note sur le clap : Sierra de Teruel, VII, plan 1, prise 1. Sur la suggestion de Max Aub, il efface la craie avec laquelle il avait écrit Sang de gauche et la remplace par le nouveau nom.

-Action ! s’écrie Page avec un fort accent français.

On le fait.

-Stop ! Restez où vous êtes.

Aub sort de derrière la caméra et s’adresse au groupe.

-Imaginez que vous venez de voir un défilé de Maures passer par l’entrée de la rue. Il n’y a plus personne, la police empêche les gens de s’approcher de cette partie du Portail de l’Àngel, mais imaginez que vous voyez passer une compagnie d’habitués. Mais imaginez que vous voyez passer une compagnie de soldats franquistes, comment réagirez-vous ?

-Putain ! s’écrie une voix anonyme dans le groupe.

-Alors c’est ça, tu repars en sifflotant. Toi, Carral, tu restes dans la boutique d’autocollants ; Luís et Damián, à la grille ; puis González et Ramos, une porte plus loin, Pedro et Manuel…

Ils la filment. Certains sont passés trop près de la caméra, mais la journée avance et l’intention est de terminer la séquence. S’ils en ont le temps, ils recommenceront le plan. Entre-temps, José Telmo, le González du film, est arrivé en s’excusant.[xxxvi]

Un cercle se forme avec les acteurs. À l’exception des professionnels Castillo (Carral) et González[xxxvii] , les autres ont peu d’expérience théâtrale, certains simplement en tant qu’amateurs. Participer à un tournage les passionne.

Le traveling. De gauche à droite : D. Marion, Paule Boutault, André Malraux (Marion (1970) : 178).

-Allez, sortez d’ici. Les gars, allez, mettez le travelling en place tout de suite.

Malraux l’attrape par l’épaule :

-Max, il est déjà midi. Dis-leur d’aller chercher quelque chose à manger. Pendant qu’ils l’installent, on ne peut même pas répéter. Dis-leur de retourner au Nuria.

Aub poursuit les indications :

-Les acteurs à Núria. Mangez quelque chose. Mais fais attention à ce que vous demandez.

La pose des rails, le chariot avec la caméra, les projecteurs dans leur nouvelle position les occuperont jusqu’à quatre heures de l’après-midi. La nervosité commence à s’installer. Aub se rend au bar Núria pour appeler les acteurs, qui sont encore en train de bavarder. En traversant les Ramblas, Telmo lui dit :

La Vanguardia dit que dimanche, nous avons abattu je ne sais combien d’avions[xxxviii] . Regardez, j’ai volé le journal. Dites-le au patron, il sera content.

Denis Marion, qui n’est pas intervenu jusqu’à présent, se rend compte qu’il doit prendre l’initiative. Il regarde un instant le texte que tient Paula, puis le montre du doigt :

Tournons d’abord la bande-annonce, des décalcomanies au Grand Chic. Allez, tout le monde à son poste. Ensuite, nous ferons les prises de vue. Toi, Damien, fais attention au sac d’encre rouge.

La remorque traverse la rue en diagonale, dans le même espace restreint que le matin.

Curieuses (Marion, 1970. P 128)

Aub arrête l’opération d’un geste de la main. Il s’approche ensuite de la maison voisine, où des femmes regardent le spectacle en bavardant joyeusement.

-Soit vous rentrez, soit je demande aux gardes de vous emmener», s’étonnent-elles en le regardant. Ou plutôt, restez, vous risquez de vous faire tirer dessus. Sortez !

Ils ne réapparaîtront pas. Max fait signe aux opérateurs de continuer.

-Action !

Lentement, il se déplace de droite à gauche, en partant de la porte de l’église, avec une certaine pause aux paires de républicains indiquées à chacune des entrées. Tous suivent plus ou moins le scénario.

Carral, dans un magasin d’autocollants, tenant une mitrailleuse, reçoit le premier coup mais n’est pas blessé. Damián et Luís, qui portait un sac de dynamite et a été blessé au bras, suivis de González, accroupi, et de Ramos, qui lui a saisi le bras. Puis González, accroupi, et Ramos, qui s’agrippe à son ventre après avoir été touché par une balle. La caméra continue d’avancer vers la gauche, où Barca est seul dans l’embrasure d’une parfumerie où il s’abrite. Plus loin, Agustín et Manuel dans une porte en pierre. Enfin, dans un magasin de mode, Le Grand Chic, Pedro et Salvador. Ce dernier est blessé et tombe.

En criant «coupez», Paula dit à Malraux :

-Je lui ai dit de prendre la place du magazine «Ramos de Gra» pour remplacer Agustín. Je ne sais pas pourquoi, mais Agustín devait être avec Manuel dans l’embrasure de la porte à côté de la parfumerie.

-D’accord, merci beaucoup. Vous êtes extraordinaire. Personne n’aurait vu les détails. Mais la prise de vue en vaut la peine. Et nous n’avons plus de pellicule – conclut-il en jetant un regard interrogateur à Aub, qui avait traduit le texte. Puis il se tourne vers les caméras.

Ils pensent que tout s’est bien passé. L’après-midi avance.

La chute de Salvador, et le chapeau

-On tourne les stores. Quelques mètres, puis nous le couperons. Il n’y a pas de propriétaire, je ne pense pas qu’il y ait de problème si on le perce et qu’on le coupe en deux.

Ils le font à partir de l’extrémité la plus proche de la grille que le chariot de la remorque peut atteindre, qui suivra les deux fenêtres de l’appartement en position contreplan ; dans la seconde, en supposant que le tireur soit blessé par Carral, le store sera coupé en deux. La caméra sera ensuite retirée, en laissant les rails qui ne gêneront pas le tournage des plans moyens sur le côté opposé.

-Je suggère que nous fassions maintenant les coupes pour qu’elles soient intercalées. D’abord au niveau de la rue, puis de la mezzanine.

Ce sont presque des photos fixes. Carral attentif, surpris par un tir. Ce n’en sera pas un, car il n’y a pas de projectiles disponibles, si rares au front. On utilisera une balle roulante, habilement lancée contre la vitrine de le magazin à autocollants.

Le plan moyen de la chute de Salvador blessé est également filmé, ainsi qu’un compagnon[xxxix] et, détail très typique de Malraux, le bris de la vitrine qui fait tomber un chapeau de la maison de couture, comme le Français l’avait déjà indiqué dans le scénario.

La nuit tombe. Tout le matériel de tournage et d’éclairage a été emporté. Ils devront terminer le lendemain, sans gardes. Ils le feront avec une caméra installée dans la cour de l’église, Carral regroupant ses hommes. Quelques accessoiristes empêcheront les badauds de s’approcher trop près.

Carral, entouré de ses hommes, donne les instructions :

-Vous, López et Marín[xl] , restez avec les blessés, les autres, à la porte.

Bien qu’il ne s’agisse que de quelques instants de tournage, la situation est devenue intenable à cause des curieux. Ils ne pourront plus filmer le groupe se rendant à la porte, qui sera réalisé à Tarragone, quelques jours plus tard. Ils remplaceront donc la rue Santa Ana par la rue Escrivanies velles[xli] de la ville du sud de la Catalogne, pour tourner les 10 dernières secondes de la séquence VII.

EN SAVOIR + :

Calle Santa Ana – Séquence VII (avec des plans et des localisations comparant l’époque avec le présent).

Vidéo : Tournage à Barcelone et Tarragone (séquences VII à X)

 

4.1.10 – Sabadell.

Ils y ont passé la journée, mais cela en valait la peine. Ils ont même tourné une séquence qui devait être tournée à l’intérieur : le XXIX.

Ils sont partis aux premières heures de la matinée. Pour une fois, Julio Peña et José Santpere sont à l’heure. À huit heures, ils sont à la porte de l’aérodrome de Sabadell, à la périphérie de la ville. Ils les attendaient déjà. Pendant que les cameramen placent le matériel dans un hangar de réparation des célèbres avions de chasse russes Polikarpov I15, ils se voient offrir un petit déjeuner frugal composé de malt, de lait et de quelques tranches de pain.

Sabadell est une ville industrielle, avec de nombreuses usines reconverties en industries de guerre[xlii] : parachutes, véhicules blindés, et même chars d’assaut dans l’ancienne usine de fil de Vicenç Planas, avec environ trois cents ouvriers. Mais l’accent est mis aujourd’hui sur l’aviation, soulignant le manque de moyens dû à la non-intervention, contrairement à la présence allemande et italienne dans la guerre.

Malraux a exulté à la vue de l’épave d’un avion italien abattu il y a quelques jours. Son origine est clairement visible dans les pneus Spiga.

-Allez, on y va.

Peña (José Santpere) et Attignies (Julio Peña) entrent. Ils improvisent avec un texte que Malraux a esquissé et que Max Aub a traduit au petit déjeuner. Il sera inséré entre les séquences XXIX et XXX qui, si elles le peuvent, seront également tournées ici, alors que la première était prévue dans le studio .[xliii]

ATTIGNIES : Celui que nous avons abattu hier.

À quelques mètres de là, un autre avion écrasé :

ATTIGNIES : Ils ont perfectionné leurs nouveaux modèles.

PEÑA (s’adressant à une voiture d’aviation) : Regardez les mitrailleuses.

ATTIGNIES (les touchant) : Malgré tout, nous pouvons les prendre.

PEÑA (de l’intérieur de la voiture) : Attaque.

Attignies monte à bord et démarre le moteur de la voiture.

-Magnifique ! -s’écrie Malraux. Passons maintenant au scénario. Commençons par le XXIX. Ce sera plus réaliste s’il s’agit d’un extérieur. Le bureau de Peña sera assez présent dans des autres séquences.

Usine Baygual (Sabadell)

Pour ce faire, ils se rendent dans le quartier de Can Feu, à l’usine Baygual et Llonch[xliv] . C’est là que sont assemblés les avions russes depuis que les intenses bombardements sur Reus, à l’automne 1937, ont incité à se déplacer dans cette zone plus abritée. Le dialogue entre les deux personnages est filmé alors qu’ils s’approchent des hangars. Quelques pins situés à proximité apportent un peu d’ombre.

Le commissaire politique a demandé des voitures ou des projecteurs à différents endroits, sans succès. Ils en auront besoin pour le décollage de nuit. Sinon, l’attaque du pont de Linás serait un suicide, car le déséquilibre des forces aériennes est écrasant. Attignies

fait son rapport à son commandant. Celui-ci lui demande :

PEÑA : Les deux équipes sont-ils prêts ?

ATTIGNIES : Seulement deux, deux ?

PEÑA (AVEC AMARGMENT) : Venez voir, commissaire politique.

Il le dit à la porte du hangar.

La caméra a été placée à l’intérieur, avec le doute de savoir si l’éclairage sera suffisant. Ils avancent entre une série d’avions  dont la partie moteur est recouverte d’une bâche.

Berenguer, accompagné de Page, les met en garde.

-Il va faire trop sombre. Peut-être une lanterne va donner une atmosphère plus mystérieuse,

Les deux hommes, munis de la torche qui leur a été remise, avancent lentement.

ATTIGNIES : Ce sont ceux qui peuvent être réparés ?

PEÑA : Si vous appelez cela réparer…

ATTIGNIFIES : Mais qu’en est-il de la réserve ?

Le faisceau lumineux éclaire un autre appareil, dont Peña retire lentement la bâche avant. Il n’y a pas de moteur. Il s’exclame avec colère :

PEÑA : Non-intervention.

Ils remettent la bâche à sa place et,tête baissée, ils sortent,. A la porte, le jeune officier introduit les séquences suivantes, dans lesquelles ils se rendront frénétiquement dans différents villages à la recherche de voitures dont les phares peuvent guider le décollage du lendemain matin.

ATTIGNIES : Et cette nuit-là, pas de chasse ?

PEÑA : Ils ne seront pas encore de retour. Mais la première chose, ce ne sont pas les chasses, ce sont les phares. Allons pêcher des voitures dans les villages.

Il n’y eut qu’un seul plan à refaire, la toile du moteur de l’avion ne s’étant pas détachée. Le reste était bon du premier coup, c’est du moins ce que pense Malraux, au prix d’une vision des semaines plus tard, lorsque la pellicule aura été développée à Paris.

Ils reviendront, épuisés, tard dans la soirée. Mais près de vingt plans ont été filmés. Le jour où ils s’y attendaient le moins, ils ont réalisé la plus belle récolte. Ils fêtent cela autour d’un verre de cognac. Le dimanche 28, ils se reposent tous, sauf Max Aub qui, dans l’intention de filmer dans le bureau de Peña qu’ils finissent d’installer à Orphea, essaiera de contacter Mejuto et Santpere, et s’il le peut, il essaiera aussi d’attacher le futur paysan de Linás : José, l’acteur José Lado.

 

4.1.11. Pas question de sortir, Munoz.

 

Le dimanche 28 sera un jour de congé.  Le matin, certains iront au football, où l’Espagnol et le Jupiter rivalisent, d’autres à la plage de la Barceloneta, d’où ils devront partir car il y a un fort bombardement dans la Barceloneta et à Can Tunis[xlv], sur la côte maritime de Montjuïc.  La plupart dormiront tard, épuisés.  Dans l’après-midi, réunion au bureau de la Diagonal, pour passer en revue ce qui a été fait jusqu’à présent et planifier les prochaines étapes.

Aub, avec Marion à ses côtés, résume : Les séquences de l’aérodrome sont filmées, mais pas encore révélées : I, partiellement, sans la scène de l’avion écrasé et Peña essayant d’en sortir, et toutes dans lesquelles intervient Codina (dans le rôle de Schreiner) : XXV, XXVII et XXVIII.  En outre, celui qui a été improvisé comme souvenir de la stratégie d’attaque, sur un toit[xlvi].  Si le développement les satisfait, ils pourront déjà se passer de Codina et ses retards jusqu’à ce qu’ils en aient besoin pour la séquence finale.  D’autre part, on a également tourné le groupe de républicains qui tentent de quitter la ville pour assister à Linás : La rue Santa Ana et la puante droguerie, ainsi que l’anecdote des armes chez un fasciste, filmée en studio, c’est-à-dire les séquences V, VI et VII. ¡ Ah! Et aussi celle des honneurs à Marcelino, la II. Trois semaines ont passé et il semble un siècle.  Ils espèrent que les résultats seront positifs, le dévoilement en France est un obstacle de plus à ne pas pouvoir voir ce qui a été fait jusqu’à des semaines plus tard.  Au total, une centaine de plans tournés[xlvii].  Les derniers partiront pour Paris lundi par Air France.  Roland Tual est déjà informé.

Dans la soirée, déjà à l’hôtel Majestic, ils ont remis à Max Aub une enveloppe : Le numéro XIX de Hora de España[xlviii], qui inclut à la page 83 sa pièce de théâtre : «Pedro López Garcia -Auto».  Une note jointe : «Félicitations, j’espère que vous n’abandonnez pas le théâtre pour le cinéma», signée par José Bergamín.  Le lendemain, il le montrera à Malraux. tu te souviens ?  Il nous a présenté à Cruz y Raya.  Ce soir, déjà au lit, il pensera à Peua, là-bas à Paris, en lisant Gil-Albert à la page 40 :

Et à la fin de mon séjour vide,

avec la solitude sur le lit,

plus affreuse que jamais,

comme un abîme sans frondes,

calme…

 Avant de s’endormir, il succombera à la tentation de se lire avec complaisance : «MÈRE : Si les hommes n’ont pas d’écheveaux pour vous dire les choses, ils ne resteront pas dans ma bouche ; Mes dents me feraient mal et je vous les recrache ; Les corbeaux qui vont à l’odeur du butin, sangsues, fils de mauvaise mère. (Le sergent, assis, la regarde, drôle.) Vous pensez que je ne vous connais pas?  Vous êtes comme vos grands-parents.  Non;  Vous n’êtes pas égaux, vous êtes les mêmes ennemis du peuple.  Avec une vieille femme vous n’oseriez pas et c’est pourquoi je parle;  Il est possible que sinon aussi je me taisais, par peur.  Il y a cent ans que vous marchiez ici, avec les mêmes bérets rouges et le cœur noir.  Tuer et voler au nom de Dieu.  Carlistes, des traîtres.  Mais les libéraux viendront et vous donneront ce que vous méritez.  Il faut un jour se débarrasser des mauvaises herbes et du mauvais sang»[xlix].  Oui, depuis le carlisme, et même avant, la même pourriture se traîne.  Il le connaît bien, là-bas sur les falaises du Maestrazgo.  Et le rêve l’a vaincu, la revue est tombée.

Il conclut un mois d’août semé de difficultés et de retards, mais qui garde toujours vivante la flamme de l’espoir. Concentré sur les studios Orphea, en l’absence de batteries de camion et d’un film vierge suffisant, l’équipe technique s’est consacrée à monter ce

Aub et la carafe. (FMA)

qui sera le bureau de Peña. Il s’agit d’une pièce assez grande pour y mettre la caméra et maîtriser l’ensemble. Une table sur chevalets, sous l’une des trois fenêtres qui éclairent la pièce, une carafe d’eau dans l’une d’elles, un téléphone au mur. Il fait

chaud. Une autre table sur un côté, également avec des plans, devant une grande carte de la région de Teruel flanqué par un téléphone. Sur le mur opposé, on devra accrocher des parachutes que quelqu’un ira chercher La Volatería.

. -Est-ce que Mejuto sera prêt ? demande Malraux à Maria Luz Morales[l], qui aide sporadiquement, mais plus souvent pendant les absences de Max Aub.

-Comptez sur moi pour ça. La permission de Comandancia est déjà arrivée, affirme Paula, l’épouse de Thomas, convertie en une script efficace.

Dîner Anfistora. Mejuto debout, García Lorca assis au centre. (Fund. G. Lorca)

-Max m’a dit qu’il était un bon acteur.  Qu’il correspondît au rôle de capitaine Muñoz -intervient Maria Luz Morales, que le connait-. Grand, beau -esquisse un sourire-. Il dit bien.  À Madrid, il a laissé une bonne impression dans Liliom[li], une œuvre du hongrois Molnar, dirigé par Federico.  Son frère Enrique travaillait aussi, mais Severiano Andrés, nom de Dieu! était le protagoniste. Ah, quelle[lii] époque ! Federico et La Barraca, le club Anfistora, où serait aujourd’hui l’Espagne Si on ne s’était pas soulevé contre la République.  Bergamín m’a dit que l’année dernière, il s’est encore produit à Madrid, au théâtre de La Zarzuela, avec un grand succès.  C’était La tragedia optimista[liii] (ça oui, ça c’est un titre !), que Maria Teresa León a adapté.  Il était aussi le protagoniste.   Oui, il a de l’expérience, mais pas dans le cinéma.  Il est également militaire, il ne sera donc pas difficile d’adopter le port nécessaire.

Maria Luz Morales a le discernement, connaît l’art de l’interprétation, en particulier à partir de sa fonction de directrice de La Vanguardia et ses écrits sur le théâtre, le cinéma et la mode.

-Si vous le dites… – André est un peu méfiant par les tics théâtraux de Santpere et Codina. Il est vrai que jusqu’à présent Mejuto a bien fait. Mais être toujours à la recherche de l’autorisation militaire… serait un désastre si nous ne pouvions pas tourner ce qui manque avec lui.

-Il était dans la 72e division, avec Enciso[liv].  Quand elle a été dissoute, Max m’a dit qu’il avait rejoint le 18e corps.  Pour le moment, il est dans la réserve, en attendant ce qui va se passer dans l’Èbre.  Il a le grade de capitaine[lv].

-C’est ce que je crains. Ils peuvent l’emmener au front d’un moment à l’autre.

-Pour le moment, nous avons fait des progrès dans les scènes de studio. Croisons les doigts.

-Et les séquences à l’intérieur de l’avion ?

-Eh bien, quand on aura le décor nous parlons -intercala Paula. Il faudra voir avec atrezo quand cela peut être. Heureusement que nous avons des amis qui connaissent et ont pu inspecter un Potez à l’aéroport. Faire un demi-avion avec du contreplaqué n’est pas chose facile.

Ils boivent du vin. Il fait une chaleur de justice. Barcelone se précipite entre deux alarmes. Ils, dans un bar d’angle de l’Ensanche, à l’ombre, non loin du Commissariat, poursuivent leur planification. Denis Marion et Louis Page viennent d’arriver. Celui-ci dit :

-Il n’est pas là. Nous n’avons pas assez de film pour aller à Tarragone. Et on ne pourrait pas déplacer le camion de son… sans batteries…

-Maintenant, nous parlions de tourner en studio. Faute de pain… – Aub tente d’être optimiste.

-Non! – Malraux se lève en colère. Les deux sont indispensables. N’avaient-elles pas été envoyées ?

-Oui, il y a des jours, mais elles doivent être à la frontière.

-Eh bien, j’y vais[lvi].

Max Aub, l’homme de tout, la main droite, et parfois la gauche, du réalisateur français.

-Je vais passer quelques appels. Et si c’est le cas, vous prenez une voiture dès que nous avons tourné le bureau de Peña conclut André, taxatif. Il regarde les deux assistants-. Nous tournons en studio tant que nous le pouvons. Et que quelqu’un aille déjà à Tarragone pour voir les extérieurs. L’hôtel était réservé, n’est-ce pas?

-Bien sûr que oui.  Le Paris[lvii].  J’ai dit que nous serions une vingtaine, mais pas tous les jours.  Les «volontaires» de Teruel, l’équipe technique… -note Paule Boutault.

-Ajoute Elvira, au moins. Il me l’a demandé. Son frère est médecin là-bas.

—Dois-je y aller aussi ? – interrompt Petit, le décorateur, qui a fini l’étude et entendu la conversation. On dit qu’il y a beaucoup de bombardements.   Je l’ai lu dans La Publicitat[lviii], en première page.

Aub acquiesce. Marion ne veut pas rester derrière.

-Donc, lundi, avec Santpere et ce Mejuto ?

-Oui, on dirait qu’on prend du rythme. Et les syndicats qui se taisent. Si les Espagnols ne viennent pas, je m’en fous. On s’en sort avec les Français. Max, venez avec moi. On se retrouve à l’hôtel pour revoir le scénario de ces séquences.

Et en disant cela, il va téléphoner, suivi de Max Aub.

—Oui, les batteries et aussi autant de film que possible -il dira au terme d’une longue conférence avec Tual, puis avec un ami de Perpignan. Le mardi, si on peut filmer la voiture avec le chien, Max sortira vers la France.  Prenez la Buick[lix].  Je parlerai au ministère pour l’essence.

Max Aub sera presque une semaine en France pour essayer de passer le matériel par un bureau de douane réticent. Avant de partir, Josette l’a appelé à part. Elle lui dit :

-Suzanne, que tu as rencontrée il y a quelques jours, a déjà envoyé un paquet de choses que je lui ai demandé.  Ils auront été reçus par Jean[lx], un autre ami, qui réside à Perpignan.  A son tour, il a un ami, un commerçant qui traverse souvent la frontière, qui l’aide dans les expéditions à Barcelone.  Ce sont des gens bien.  Prend -il lui donne un papier-, son adresse.  Je suis sûr qu’ils vous aideront à apporter les batteries et tout. Et nous aurons de nouveau du pâté!

Max aime bien Josette, mais encore mieux son amie Suzanne : efficace, joyeuse, toujours prête à aider.  Un charme.  Ancienne critique cinématographique à Cinémonde, elle a rencontré Josette Clotis dans Marianne, la revue politique et culturelle née de Gallimard.  Elles sont amies depuis.  Elle est d’une grande aide étant donné sa connaissance du monde du cinéma.  Enfin, les fournitures arriveront à Cerbère le 5 et, après des difficultés au passage de frontière, à Barcelone le 8 septembre[lxi].

Le lundi 29 août, quand André arrive à Orphea, ils sont déjà sur le plateau Santpere et Mejuto, debout, avec un scénario qu’Elvira leur a donné dans la main.  Bisbisent le texte.  Page et Thomas ajustent la caméra Debrie Super-Parvo.  À ses côtés, un Manuel Berenguer expectant.  Petit n’est pas venu, il termine le demi-avion en contreplaqué dans un atelier de Sants.

Dans l’ambiance, les mots de Indalecio Prieto dans son discours du théâtre Poliorama dimanche 28 : « Tous les outrages nous avons subi, et je ne veux pas parler -pour quoi ? – de ce grand théâtre de toutes les farces, immense palais où le cynisme s’habille en frac, qu’on appelle la Société des Nations »[lxii].

André Malraux, avant de donner l’ordre «Action», à haute voix, rappelle aux présents l’objectif de la séquence :

-la République est noyée par la non-intervention. Il n’y a pas d’appareils avec lesquels aller à la protection de Linás, empêchant ainsi l’armée rebelle d’avancer. Santpere, votre commandant Peña, qui vient d’arriver du front, répondra à vos questions – en se dirigeant vers Mejuto. Il y a un pont qui est la clé : mais il n’y a pas d’avions à attaquer avec des garanties, ils en ont beaucoup plus. Nous allons à la première partie : Muñoz entre, et il se met à regarder des plans, ce que fait aussi Peña. Nous répétons, nous tournons quand nous sommes sûrs du résultat.

Ils le font. Mejuto entre dans son rôle de capitaine Muñoz et se met à regarder des plans, ce que fait aussi son commandant.

-Vous avez eu vos nouveaux avions, non ?

-Nous étions un contre huit.

Peña allume une cigarette alors que son capitaine s’approche.

La conversation sui jusqu’à ce que celui-ci dise :

-Si seulement on avait les nouveaux viseurs.

-Stop, changement de plan -indique le directeur.

Trois d’entre eux déplacent le trépied vers une autre approche. Si seulement nous avions un trépied à roulettes, blague Thomas tout bas. Lepiani, se donnant la grande vie à Madrid, sans même avoir la délicatesse d’appeler en disant qu’il ne trouve pas le fichu gadget. Tout le monde sait qu’il ne sera pas disponible avant longtemps.

La caméra fait maintenant un gros plan, avec deux lignes qui se rejoignent aux extrémités. Peña raconte la révolte des républicains dans une série de villes jusqu’à Linás.

-À cette heure, leurs renforts ne peuvent les atteindre que par la ligne de Saragosse, résume Muñoz.

Page a zoomé jusqu’à un plan moyen. Peña conclut :

-C’est pourquoi Jimenez attaquera dès qu’ils feront sauter le pont… mais faire sauter le pont un contre huit…

Un plan plus proche est interrompu par la sonnerie d’un téléphone qui a actionné Berenguer à un signal d’André.

-Allo ?

Le directeur coupe brusquement.

-Non! Non! Le téléphone ne doit pas bien fonctionner. Ni téléphones en état nous avons! Il le répète pendant qu’il est en colère. Allez, ne soyez pas gentil.

Ils répètent jusqu’à quatre fois. Un gros plan de Peña parlant au téléphone et la caméra tourne sur le côté où Muñoz doit essayer d’en accoupler un.

-Corten! – Malraux apparaît devant la caméra avec les bras en l’air- Et les parachutes ?

Personne ne l’avait remarqué[lxiii].  Ils baissent la tête.  La scène devrait consister en Muñoz essayant de préparer un parachute, action qui empêche son commandant :

Plan tourné à part (la lumière de la fenêtre coïncide avec celles des autres plans)

-Même pas parler de sortir, Munoz… nous n’avons pas assez d’avions pour leur donner le plaisir de les faire descendre.

Il y a des moments de stress. André, marchant à grands pas dans la salle, tous les autres essayant de passer inaperçus. Enfin il se lève et avec le visage crispé dicte :

-Continuons avec le plan final. Les parachutes, on le fait dès qu’on peut et on fait le montage après. Ces frères Miro et ses accessoires… Allez.

Nouveau virage à gauche. Avec le plan dans le dos, Peña introduit une partie importante du film, celle qui doit être tournée à Tarragone, si tout va bien… Termine la séquence selon le scénario prévu.

PEÑA : Il ne manque pas de nos gens de l’autre côté.

MUNOZ : Même en ville ?

PEÑA : Surtout en ville.

-Coupez ! Maintenant les républicains de la droguerie de la séquence IV apparaîtront. Merci. Ça peut être bien. Répétons.

Ils resteront ainsi jusqu’à ce qu’il soit temps de manger les lentilles habituelles et, aujourd’hui, un morceau de bacon. L’après-midi, ils filmeront les répétitions. Les parachutes mettront des jours à arriver. Ce sera trente secondes pour ceux que Mejuto devra se rappeler qu’il portait la pipe dans sa bouche. Ils le feront une nuit, avec des projecteurs et à contrecœur.

De retour à l’hôtel, ils accordent tourner la première partie de ce qui sera filmé à Tarragone dans la rue Montcada, à peine une minute de séquence mais de grand intérêt pour le réalisateur. La voiture doit être le même que celui qui est encore là. Tual a dit à Malraux que le matériel arriverait à Perpignan au plus tard jeudi ou vendredi. Donc, dès qu’ils auront tourné le plan de la bagnole, Max va se précipiter vers la frontière.

 

 

4.1.12. – Dans la rue Montcada.

Dans la vieille ville de Barcelone il y a beaucoup d’attente. Dans la rue Princesa, un camion a déchargé la caméra et les projecteurs, qui ont été introduits au numéro 15 de la

La caméra au fond de l’enceinte (Marion (1970)

rue Montcada, en face de la rue Barra de Ferro. L’entrée du palais Aguilar a des dimensions suffisantes pour rouler confortablement. Josette est fière qu’ils aient accepté sa suggestion, sans doute grâce à l’orientation d’Elvira Farreras.

La caméra au fond de l’enceinte, au centre de laquelle se trouve une luxueuse voiture décapotable. A l’exception des deux caméras, Page et Thomas, tous les autres se sont placés au sommet de l’escalier latéral, en dehors des prises. Josette, tenant un chien à la laisse, dit à Malraux :

-Je pense toujours que c’est une horreur qu’on voie le chien décapité à la fin de la séquence. Même si c’est un empaillé, il est horrible.

-Et la guerre ne l’est pas? Au-delà de l’argument, il convient d’aller truffer le récit avec des notes émotives. Les papillons, par exemple. Rappeler au spectateur que nous sommes vivants, oui, mais qu’à tout moment nous pouvons cesser de l’être, en perdant ces petits détails de la vie.

-Silence! – crie Page. Carral et Agustin sont prêts?

Un «oui» est entendu de la rue Montcada.

-Eh bien : Action!

La caméra filme les deux hommes entrant et s’approchant du véhicule. Agustín se met au volant et à sa droite Carral, avec un fusil mitrailleur dans la main.

-Parfait ! Maintenant le dialogue.

AGUSTIN : Même à toute vitesse, si tu te mets sur le côté contre quoi que ce soit, tu ne te tues pas toujours.

CARRAL : Et rates le canon ? On ne se tue pas toujours de face.

Malraux embrasse Josette. Aub le regarde. Il se souvient de ce qu’il a raconté le premier jour de la guerre, à Barcelone : l’assaut sur la caserne d’Atarazanas, avec une camionnette pour faire sauter un barrage. Et aussi comme, déjà à la fin de son roman, André avait introduit un chien, dans ce cas un grand chien loup, adopté par Manuel, l’un des principaux personnages, inspiré par un ami commun : le musicien et militaire Gustavo Durán.

Josette se souvient avoir tapé un incident similaire, en passant le roman à blanc.  Dans ce cas, à l’initiative de Puig, inspiré par l’anarchiste Francisco Ascaso[lxiv], deux voitures, deux Cadillac, coulant contre deux canons de 75 et un de 35[lxv]. Même le détail final de la séquence, le remue-ménage des pigeons était dans le récit.  Ou peut-être le deuxième lancer de Puig, où il finira par perdre la vie.

Le chien a sauté de la voiture. La proximité de la caméra le déconcerte.

Max tenant les pattes du chien

Il reste à tourner la sortie. Un assistant a attrapé le chien alors qu’il sortait de l’enceinte. Max, décidé, dit à André : Ne t’inquiète pas. Ça, je m’en charge.

Le passage de la voiture par la porte du palais est prévu pour rouler du haut de l’escalier. Maintenant, tout le monde de l’équipe est là où était la caméra, au fond de la cour, sauf Max qui a sauté dans la voiture et tient le chien par ses pattes arrières. À une indication de Thomas, ils le couvriront avec une couverture noire.

Et on tournera sans problème le véhicule sortant et tournant à droite, en direction de la rue Princesse. En racord s’intégrera parfaitement avec le premier plan de la rue Mayor de Tarragone.

Applaudissements à l’initiative de Max Aub, qui, sans même déjeuner avec eux, partira en France pour faire passer la frontière aux envois annoncés. Août est fini.

Selon Denis Marion (MARION (1996):20), qui l’a vécu personnellement, 106 plans ont été tournés en août, ce qui correspond approximativement à ce qui est raconté ici. En septembre, ils étaient 67; leur nombre a diminué avec l’augmentation des difficultés dues à la guerre. C’est un facteur qui a été pris en compte lors de la déduction du mois au cours duquel chaque scène a été tournée. Certaines sont déterminées par la bibliographie. Autres, sont une hypothèse en fonction du costume ou d’autres éléments circonstanciels

 

NOTES :

[i] Détail des impacts dans : ARAÑÓ, Laia et CAPDEVILA, Mireia (2018). Topografia de la destrucció. Els bombardeigs de Barcelona durant la Guerra Civil. Barcelone, Ajuntament de Barcelona. Page 176.

[ii] ALBERTÍ, Santiago et Elisenda (2004). Perill de bombardeig ! Barcelona sota les bombes (1936-1939). Barcelone, Albertí Editor SL. Page 284.

[iii] https://excursionsdeljoanramon.blogspot.com/2017/02/batalla-de-lebre-punta-targa-vertex.html

[iv] La Humanitat, 20.8.1938. Page 1.

[v] La Humanitat, 21.8.1938 Page 1.

[vi] La Vanguardia, 21 août 1938. Page 12.

[vii] MADARIAGA, Javier de, dans l’introduction à : TARRADELLAS, Josep (2007), La industria de Guerra a Catalunya (1936-1939). Lleida, Pagès Ed. Page 12.

[viii] MIRAVITLLES, Jaume (2015). Veritats sobre la guerra civil española. Barcelone, Ed. Base. Page 146.

[ix] À l’époque, Francesc Elías était le directeur artistique du Sindicat d’Industries de l’Espectacle, contrôlé par la CNT, Le film ¡ No quiero, no quiero ! n’est sorti en Espagne qu’en 1940, après la fin de la guerre. SANCHEZ OLIVEIRA, Enrique (2003). Aproximación histórica al cineasta Francisco Elías Riquelme (1890-1977). Séville, Université de Séville. Page 122.

[x] Archivos de la Filmoteca nº 3 : 288.

[xi] Son autobiographie a été publiée par Astros (comme celle de Julio Peña) en 1943.

[xii] https://escritoras.com/escritoras/Maria-Luz-Morales

[xiii] Séquence qui n’apparaît pas dans le scénario original ni dans celui publié par Aub au Mexique. Mais l’absence de certaines séquences pertinentes rendait nécessaire de présenter au public une idée des plans d’attaque.

[xiv] https://catxipanda.tothistoria.cat/blog/2020/05/19/el-pueblo-espanol-de-montjuic-una-ciudad-evocada-sin-espacio-ni-tiempo-por-soledad-bengoechea/

[xv] BADIA, Francesc (2001) Els camps de treball a Catalunya durant la guerra civil (1936-1939). Publicacions de l’Abadia de Montserrat. Page 157.

[xvi] La Vanguardia, 21.8.1938, page 4.

[xvii] Dans une lettre datée du 22.7.1938, avant même le premier tour de manivelle, Malraux fait part à Sánchez Arcas des difficultés, en premier lieu avec l’argent (IVC, Fondo Max Aub.).

[xviii] BADIA (2001) : 42.

[xix] La Reine Christine de Suède ( Roben Mamoulian. 1933) Avec Greta Garbo et John Gilbert. Au cinéma Excelsior, Gran Vía 544, angle Villarroel.

[xx] Elle sera nommée «Séquence XXIVbis», dans le scénario publié par Gallimard (qui suit ce que l’on voit à l’écran). Elle n’apparaît ni dans le scénario dactylographié, ni dans ceux publiés à partir de celui-ci (Era, Filmoteca Valenciana, Cahiers du cinéma)…

[xxi] Andrés García Calle, Académie royale d’histoire (rah.es). Ou Lacalle selon les sources (SALAS, Ramon (1973). Histoire de l’Armée populaire de la République. II. Pages 1502-3.

[xxii] MALRAUX, André (1968) Sierra de Teruel. Mexique, Ed. Era. Page 97.

[xxiii] MARION, Denis (1970). André Malraux. Paris, Seghers-Cinéma d’aujourd’hui. Page 21.

[xxiv] La Vanguardia, 30.8.1938. Page 3.

[xxv] MARION (1996) : 64.

[xxvi] MARION, Denis (1996) Le cinéma selon André Malraux. Paris, Petite bibliothèque des Cahiers du Cinéma. Page 64.

[xxvii] La Vanguardia. Mardi 23.8.1939. Page 8. «Article 1 : Pour pouvoir acheter des carburants et des lubrifiants, il faudra obtenir un carnet d’autorisation délivré par la présidence du gouvernement.

[xxviii] «Témoignages» dans Sierra de Teruel, 50 ans d’espoir.  Archivos de la Filmoteca, Année I, n° 3. Valence, Filmoteca de la Generalitat Valenciana. Page 290.

[xxix] La Vanguardia, 21.8.1938 Page 15.

[xxx] Dans une lettre datée du 22.7.1938, Malraux écrit à Sánchez Arcas : «Les sociétés américaines ont accepté de substituer le film français au film espagnol, mais nous pourrions être amenés à conjuguer tous nos efforts (pour des raisons d’opportunité politique) pour gagner du temps et essayer de substituer le film espagnol sous-titré en anglais au film américain qui n’est pas encore terminé dans toutes les salles américaines». (Fonds Max Aub. Institut Valencià de Cultura).

[xxxi] Qui n’apparaîtra pas dans l’assemblage final.

[xxxii] https://www.lavanguardia.com/local/barcelona/20160203/301870995556/carta-inedita-origenes-bar-nuria-rambla-90-aniversario.html

[xxxiii] PI i SUNYER, Carles (1975). La République et la guerre. Mexique, Ed. Gases. Page 517 et suivantes.

[xxxiv] Paula Boutault était l’épouse d’André Thomas, le caméraman.

[xxxv] Selon le scénario, attaqués par un sniper, Ramos et Gonzalez se réfugient dans l’entrée du magasin «Au Grand Chic». Le premier y est blessé à l’estomac et est soutenu par González. Au plan 10, alors que les troupes franquistes sont passées et que les républicains sont de nouveau en mouvement, Ramos déclare : «Je ne veux pas mourir avant demain.

[xxxvi] González n’apparaît pas dans les premiers instants de la séquence. Il apparaît plus tard.

[xxxvii] Voir :

[xxxviii] La Vanguardia, 16.08.1938. Page 1.

[xxxix] Dans le texte original dactylographié, Agustín est mentionné comme le compagnon de Salvador, ce qui ne peut être le cas, comme nous l’avons indiqué. On peut voir que la personne qui tient le blessé n’est pas le «boiteux» qui joue le rôle d’Agustín.

[xl] Le texte original dit : Gutiérrez, tu restes avec les blessés, et maintenant nous allons à la porte !

[xli] Informations fournies par Joan Cavallé, un ami de Tarragone.

[xlii] https://www.isabadell.cat/sabadell/historia-de-sabadell-les-col%C2%B7lectivitzacions-a-la-guerra-civil-1936-1939/

[xliii] Les éléments suivants ne figurent pas dans les scripts dactylographiés initiaux, ni dans les scripts édités ultérieurement.

[xliv] RIBÉ, Genís (2009). «Cinema de guerra a Sabedell» in Sabadell, 1931-1945. Una esperança desfeta. Sabadell, Ajuntament de Sabadell. Page 130.

[xlv] ALBERTÍ, Santiago et Elisenda (2004) Perill de bombarig. Barcelona sota les bombes (1936-1939). Barcelona, Albertí Editors. Page 284.

[xlvi] Il s’agira de la séquence XXXIIIBIS selon le scénario publié chez Gallimard (1996) page 118, reflétant ce qui a été vu à l’écran. Il n’apparaît pas dans les versions dactylographiées ou autres versions publiées.

[xlvii] Denis Marion indique : «En août, 106 plans avaient été tournés ; en septembre, seulement 76. Le chiffre a ensuite diminué» (MARION (1996) : 20). On a essayé de maintenir dans la mesure du possible cette proportion, en nous basant sur la tenue, les dates connues (Tarragone et Collbató) et une certaine intuition.

[xlviii] Heure de l’Espagne XIX, en : https://hemerotecadigital.bne.es/hd/es/results?parent=d451e0df-d24c-4879-a213-f59ef46b0e88&t=alt-asc&s=10 .

[xlix] Heure d’Espagne, non XIX.  Juillet 1938.  Page 88.

[l] MORALES, Maria Luz (2019). Quelqu’un que je connaissais.  Sevilla, Ed. Renaissance. Vous pouvez trouver votre contribution à la page 247 et suivantes.

[li] PERALTA, Rosa (2007) Manuel Fontanals, scénographe : théâtre, cinéma et exil  Madrid, Ed. Fundamentos. Page 82.

[lii] MORLA LYNCH, Carlos (2008). En Espagne avec Federico Garcia Lorca.  Pages d’un journal intime, 1928-1936 . Sevilla, Ed. Renaissance. Page 467.

[liii] Pièce de Vsevolod Vishnievski, créée le 16 octobre 1937.   Critiques dans : Le singe bleu. 18.11.1937, page 1.

[liv] GONZÁLEZ-TABLAS SASTRE, F.J. (2016) Deux ombres et une guerre. PDF en : https://www.mcu.es/ccbae//fr/catalogo_imagenes/group.cmd? path=11564

[lv] Andrés Severiano Mejuto était capitaine d’état-major de la 3e section du Groupement autonome de l’Èbre. GONZÁLEZ-TABLAS SASTRE (2016) : 115. Son frère Enrique était lieutenant dans la 4e section.

[lvi] MARION, Denis (1970). André Malraux. Paris, Seghers. Page 21.

[lvii] Hôtel Paris, aujourd’hui disparu, situé place Verdaguer, 3

[lviii] La Publicitat, 28.8.1938. Page 1. Il raconte la visite des autorités pour voir les effets des bombardements. Au cours du mois d’août, Tarragona a été bombardée les 14, 15, 16, 21 et 24 jours plus d’autres incursions à proximité pour attaquer des voies ferrées (GONZÁLEZ HUIX, Francisco J. (1990). Le siège aérien de Tarragone 1937-1939 . Tarragona, Conseil municipal. Page 101.

[lix] MARION (1970) : 72

[lx] CHANTAL, Suzanne (1976) Un amor de André Malraux. Josette Clotis. Barcelona, Ed. Grijalbo. Page 115

[lxi] MARION (1970) : 21.

[lxii] El Noticiero Universal.  29.8.1938. Page 1.

[lxiii] La séquence III a été tournée au moins dans deux domaines ou à des moments différents, comme on peut le voir dans l’ombre projetée lorsque Muñoz essaie de mettre un parachute : elle ne correspond pas à une fenêtre que l’on voit dans la première partie.

[lxiv] BOCHET, Marc 1996). L’espoir de Malraux. Paris. Hahette Repères. Page 51

[lxv] MALRAUX (1995) : 106 et 115.

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