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11.8.1939 Présentation de Sierra de Teruel

Publicada el agosto 14, 2025agosto 19, 2025

RECONNAISSANCE D’ANDRÉ MALRAUX

Un jour du monde, par Aragon. (Ce soir, 12.8.1939. Page 3)

Dans la zone du front, le bruit est si terrible que tous les êtres vivants, à part l’homme, s’enfuient. Seule la fourmi, qui est sourde, reste avec lui et se promène tranquillement jusque sur les mitrailleuses. Vous voyez cela en gros plan… la fourmi… !

André Malraux, il y a plus d’un an, m’avait ainsi parlé de ce projet audacieux d’aller tourner son livre « L’espoir » en Espagne[i]. J’attendais, comme j’attends toujours ce qui vient de cet esprit singulier, le film « Sierra de Teruel » avec la crainte, je dois l’avouer, que des plans, en eux-mêmes faits d’une observation précieuse et subtile, comme celui de la fournie, en fussent et l’essentiel, et la pierre d’achoppement pour un écrivain qui a médité sur le cinéma sans en faire.

Photogramme de la séquence XXXVI : La fourmi dans le viseur.

J’ai vu hier[ii] à l’écran fugitivement apparaître la fourmi. Elle est là, sans doute, mais à sa place, comme un des mil détails qui eussent fait chacun la gloire d’un film. Dans celui-ci, tourné dans les conditions précaires de l’Espagne en guerre, sans moyens techniques, avec pour metteur en scène un grand écrivain, certes, mais non point un homme du métier, le miracle est précisément cette richesse jusqu’ici inconnue de détail qui est la vie même, la vie qui déborde de toute part le sujet. L’anecdote, la prolonge profondément en nous. Si bien qu’on oublie même le tour de force, la réussite technique, surprenante, complète…

C’est un épisode de la guerre d’Espagne, à son début. Ce n’est ni l’histoire de cette guerre, ni un symbole, ni l’image d’Epinal attendue. Dans la région de Teruel, une escadrille d’aviateurs internationaux mêlés d’Espagnols, et commandés par un Espagnol, se voit incomber la double tâche de bombarder un champ d’aviation secret des Rebelles et de détruire un pont pour soutenir la résistance farouche du peuple armé.

Dans la première partie du film, villes et villages où déjà s’infiltrent les troupes rebelles, nous voyons les républicains, avec des armes de fortune, mobiliser les énergies les plus humbles ; l’héroïsme est presque tout à cette heure, et sur ce coin de territoire ce que peut opposer aux insurgés ce peuple qui se lève de son travail, de ses foyers. Un paysan s’échappe et traverse les lignes pour dire aux aviateurs qu’il peut les conduire au-dessus de son village, vers le lieu caché ou les avions de Franco sont terrés. C’est alors la misère de cette escadrille, qui a des appareils de réserve, mais qui, depuis des mois, attend les moteurs. Qui n’a pas de phares pour guider l’envol, avant l’aube, des avions : et la quête des autos de village en village, de comité de Front Populaire en comité de Front Populaire, pour éclairer de leurs lumières le départ nocturne. Les chauffeurs ont déjà travaillé quinze heures, avec quoi va-t-on ravitailler les villages ? « On fera ce qu’on pourra » ce refrain partout répété est comme le martèlement de la résolution populaire. Et, à l’heure dite, tandis qu’à dos d’hommes on portera les bœufs de boucherie dans les villages, les autos son là, avec leurs phares : les avions s’envolent.

La deuxième partie du film, c’est le raid, avec le paysan à bord, terrorisé par l’espace et les nuages et la terres ; et les objectifs atteints, et la chasse des avions ennemis supérieurs en nombre, armés de mitrailleuses modernes, contre de vieilles machines de 1913. Le combat aérien, les aviateurs blessés, un avion blessé et, dans les montagnes, dans la Sierra de Teruel, la chute lente, le heurt contre les cimes.

Puis le film s’achève par le récit épique que n’ont pas oublié les lecteurs de « L’espoir » : des sommets de la Sierra jusqu’a la plaine, les morts et les blessés son portés par les hommes et les mulets, et de partout, sur la route, la population quitte les villages pour faire escorte aux héros tombés. C’est sur cette coulée humaine de la montagne, le défilé dans le village, et cette marche funèbre qu’accompagne un thème profond et sauvage comme les rochers traversés, écrit par Darius Milhaud, que se termine « Sierra de Teruel » non point dans le désespoir de la mort, mais dans le cœur même d’un peuple pour qui la mort n’est point la fin, car un peut encore faire honneur à un mort. Le film s’achève sur le peuple espagnol, debout et muet, qui salue ses morts et n’oubliera jamais.

C’est une pauvre chose que la parole écrite, et je le sens, moi qui veux dire ici l’émotion que j’ai ressentie ; et André Malraux l’a senti, qui a voulu ajouter à son livre cette grande image dépouillée, simple et directe, mais où se résume l’essence de ce qu’il a vu dans deux années tragiques. Je m’étais promis de dire ce qui en fait la grandeur : présente pathétique et constante du peuple d’Espagne, et de l’Espagne, le son de la langue espagnole, et la couleur de la terre, et les villages vrais, les intérieurs poignants

Image de la séquence XXXVIII : L’enfant joue à l’aviateur.

des maisons paysannes, l’Espagne, je vous dis, et non pas un décor, l’Espagne telle qu’elle était, telle qu’elle est, nue et blessée… Je voulais dire cette chose incroyable : ce débordement de la vie dont je parlais. Comme en plein ciel, au moment du péril et de la chasse, on voit, de l’avion traqué, le vol des oiseaux blancs formant un grand V qui s’en va ; ce sont les migrations qui commencent… Tandis aussi qu’au téléphone d’un village on apprend l’accident, les morts, l’enfant du téléphoniste, dans la pièce, qui met des lunettes, étend les bras et joue à l’aviateur… Les assiettes que lave la femme dans un coin… La mère qui tire d’elle instinctivement son petit au passage des blessés… La vie que n’arrête pas la guerre. Et puis je n’ai fait que raconter le film.

« Sierra de Teruel » est un grand événement. Pas seulement une date dans l’histoire du cinéma (car c’est une approche de la réalité comme on n’en a pas encore vue à l’écran), c’est une date de notre histoire, une date de notre confiance dans la destinée de l’homme, dans l’infini progrès de l’homme vers les réels sentiments humains. « Sierra de Teruel » c’est le témoignage de survie de la grandeur humaine. Le contraire d’une propagande au sens de M. Goebbels : la vie indestructible, la vie contre laquelle il n’y a que l’entreprise enragée, impuissante de la mort au visage came, la vie qui vaincra, « L’Espoir »…

Grâce à André Malraux, la France n’a pas donné à l’Espagne que la seule non-intervention dont le spectre discret passe dans les hangars de l’escadrille où les avions attendent vainement les moteurs. Grâce à André Malraux, Français, elle a donné au peuple d’Espagne e film expiatoire. Ce film qui fait déjà parler du « Cuirassé Potemkine »[iii] de « Tchapaïev »[iv], mais qui est d’un style bien différent de tout ce qu’on a vu de grand et de beau dans le cinéma soviétique. Ce film qui est un film espagnol, avec tout l’amour français dans sa substance. Ce film où bat le cœur de tout le monde et où souffle le génie d’André Malraux.

Une préface au grand ordre de l’avenir. Et qui nous rend à notre fierté. Presque insupportablement. Au-delà de « La Grande Illusion »[v], l’espoir…

J’écris ceci aussi pour lui, Jean Renoir, qui as quitté Paris sans vouloir me dire adieu… pour ceux qui sont faibles ou lâches, pour ceux qui ont désespéré trop tôt de la France, et que, peut-être, je ne pourrai plus regarder calmement après ce film, et cette guerre, et cette grande Passion du peuple d’Espagne, mon frère.

NOTES:

[i] Il n’a jamais été dans les intentions de Malraux de transposer la totalité de L’espoir à l’écran, bien qu’il ait inclus des fragments du roman, notamment certains liés à ses souvenirs de l’escadrille España, dans la dernière partie du livre.

[ii] Après une première projection en petit comité en juin, une autre projection a eu lieu le 11 août pour les critiques et intellectuels au cinéma Rex, 1 boulevard Poissonnière / Boulevard Bonne Nouvelle..

[iii] Sergei Eisenstein, 1925

[iv] Georgi y Sergei Vasilyev, 1934

[v] Jean Renoir, 1937

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