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JOSETTE CLOTIS

Publicada el junio 1, 2025junio 11, 2025

Par Janine Mossuz-Lavau. Directrice de recherche émérite CNRS au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) [1]

Josette…Une étoile filante dont certains ne connaissent le nom que parce qu’elle fut la compagne d’André Malraux de 1933 à 1944 (date de sa mort tragique) et la mère de ses deux fils, Gauthier et Vincent, morts en 1961 dans un accident de voiture. Mal aimée car des auteurs ne l’ayant pas connue et n’ayant pas même entr’ouvert ses archives, la tiennent pour responsable de l’entrée tardive d’André dans la Résistance. Comme si, ne serait-ce qu’une fois, il avait fallu à André Malraux une quelconque permission pour s’engager où et quand il le voulait…Il faut rendre justice à cette jeune femme qui publia, à 22 et 24 ans, deux beaux romans chez Gallimard : Le temps vert et Une mesure pour rien, écrits quand elle avait 15 ou 16 ans, et qui s’inscrivent dans la mouvance de la littérature agrarienne.

Josette Clotis (JML)

Grandie en Auvergne, elle écrivait depuis qu’elle savait tenir un stylo, sur tous les bouts de papier qui lui tombaient sous la main, tenant un journal, rédigeant de longues lettres et moult nouvelles dont la première paraît en avril 1930 dans Les Amitiés. De ces écrits, il reste une pleine valise, en carton (façon Linda de Souza), veillée à Saint-Génis-des-Fontaines par la filleule de Josette, Marie-Chantal Dos Santos, fille de Suzanne Chantal (amie intime de Josette).

Le drame de sa vie aura été son « statut » de mère célibataire vivant avec un homme marié. Car quand elle rencontre André Malraux, celui-ci a une épouse, Clara, qui ne veut pas divorcer, et d’ailleurs, pendant la guerre, on ne divorce pas d’un dame Goldschmidt (elle-même mère d’une fille, Florence, née en 1933). Or en 1940, Josette met au monde Gauthier, qu’elle a ardemment voulu. Dans un texte que j’ai sous les yeux, elle raconte comment, juste avant de faire l’amour avec André, elle a volontairement retiré son tampon spermicide. Gauthier s’appellera Malraux, car il est reconnu par Roland, un des deux demi-frères d’André.  Mais quand, en 1943, Vincent vient au monde, Josette refuse que Roland rende ce même service car, dit-elle, « s’il reconnaît Vincent, André ne divorcera jamais ». Vincent portera donc le nom de Clotis. A la demande de Josette, Drieu la Rochelle sera son parrain. Un choix qui, là encore, pour certains, ne plaide pas en faveur de Josette. Mais l’auteur du Feu follet ne veillera pas longtemps sur son filleul puisqu’il se suicide en 1945, faisant d’André son exécuteur testamentaire. Pendant ces années, l’entente entre André et Josette n’est pas toujours au beau-fixe car Josette, meurtrie pas cette situation, ne manque pas d’adresser des reproches à son compagnon et de lui faire des scènes. A longueur de pages, elle tente de lui rappeler ses responsabilités, de lui indiquer la marche à suivre, sans parvenir à ses fins.

En juin 2024, j’ai passé trois jours chez Marie-Chantal Dos Santos pour explorer, photographier etc. le contenu de la valise en carton dont j’ai rapporté une partie chez moi. Et je ne dissimule pas l’émotion ressentie à la lecture de ces feuillets écrits à la main, dans les années 1930 et 1940, par Josette, presque jusqu’à son dernier souffle, en 1944. Et aussi, pour quelques-uns, par Gauthier. Car, chez la mère de Marie-Chantal dont il fréquentait la maison, il a pu lire, entre autres, un texte de 41 pages titré « Conseils à un jeune homme ». Texte étonnant, écrit par Josette quand elle avait 19 ans. Elle s’adresse alors à un jeune homme de 19 ans, un peu comme si elle était sa mère ou sa grande sœur, au fait de ce qu’est la vie et de ce qui attend ce garçon. Et, quand Gauthier découvre ces pages, il a lui-même 19 ans. Il note alors : « Curieux à quel point ce jeune homme fictif me ressemble ». Dans la dernière lettre qu’il enverra à sa fiancée, Marie-Ange Le Besnerais, juste avant l’accident, on peut lire : « Je sais ce que je veux faire : chercher l’homme partout où il est écrasé ». Là, c’est le père et le fils qui se rejoignent. Quant à Vincent, qui apprend tard, chez ses grands-parents, le secret de sa naissance, il en devient rebelle et, se moquant, se qualifie de « bâtard ».

Josette et Gauthier (JML)

A Saint-Chamant où elle réside avec les enfants et André (avant qu’il ne rejoigne la Résistance), Josette est en butte aux critiques incessantes de sa mère qui l’accuse de plonger sa famille dans le déshonneur. Ce qui poussera Josette à écrire : « Maman est du venin ». Il faut dire que Josette avait une jumelle, morte à la naissance, et que madame Clotis ne se privait pas de clamer : « Quel dommage que ce soit toi qui sois là ». Aussi, quand madame Clotis vient passer quelques jours avec elle, se disputent-elles sans arrêt. Y compris lorsque la charmante dame reprend le train pour rejoindre son mari. Josette qui l’accompagne à sa place pour veiller à son installation, saute trop tard sur le quai. Les jambes broyées par le train qui s’ébranle, elle meurt dans la nuit. Le 21 avril 1940, elle écrivait : « Je n’étais pas née pour le malheur ».  Après une inhumation temporaire à Toulouse, elle est en 1946 transférée à Paris, au cimetière de Charonne, où la rejoindront, en 1961, Gauthier et Vincent.

Alors, que reste-t-il de cette écrivaine, très belle, qui fit tourner très tôt quelques têtes, sinon une œuvre qui témoigne d’une connaissance aiguë des intermittences du cœur et, surtout, des mœurs campagnardes. Qui n’en cache ni les traitrises, ni les commérages, ni les avortements, ni les incestes, ni les crimes déguisés en accidents. Une littérature qui n’ignore ni les couleurs changeantes des saisons, ni les travaux des champs, ni les antagonismes sociaux, ni les dissensions familiales. Très jeune, Josette a su capter ce qui nous attire (ou nous repousse) chez les êtres qui nous entourent, ce qui nous attache (ou pas) à un lieu, ce qu’on espère (ou ce dont on se désespère), ce qu’est la vie au bout du compte. En 2024, pour introduire la réédition d’ Une mesure pour rien (Editions de l’Arbre vengeur), François Quellet emploie cette heureuse formule : « Quand on lit Josette Clotis, il fait beau ». En explorant la valise en carton comme en rencontrant les fiancées des deux fils de Josette, j’ai eu le sentiment d’être dans ce beau car je me retrouvais dans le vrai, dans le vrai d’une aventure humaine dont les personnages ne pouvaient s’effacer.

Dans la vie, Josette y était pleinement et l’on ne peut pas ne pas avoir le cœur serré lorsqu’au cimetière de Charonne, on lit sur une tombe très sobre :

Josette Malraux-Clotis, Gauthier Malraux, Vincent Malraux

Tous trois fauchés jeunes (à 34, 21 et 18 ans), tous trois extraordinairement solaires, tous trois nous laissant le regret de ne pas les avoir rencontrés autrement que par les textes, les photos et les témoignages. Nous les aurions tant aimés.

EN SAVOIR +: Entretien avec Marie Chantal dos Santos.

NOTES:

[1] A paraître : Janine Mossuz-Lavau et Jean-René Bourrel, Josette.

𝙎𝙄́𝙂𝙐𝙀𝙉𝙊𝙎 𝙔 𝘾𝙊𝙉𝙎𝙀𝙂𝙐𝙄𝙍𝘼́𝙎: 𝙉𝙀𝙒𝙎𝙇𝙀𝙏𝙏𝙀𝙍 𝙈𝙀𝙉𝙎𝙐𝘼𝙇 / 𝙋𝘿𝙁𝙨 / 𝙎𝙊𝙍𝙏𝙀𝙊𝙎 𝙏𝙍𝙄𝙈𝙀𝙎𝙏𝙍𝘼𝙇𝙀𝙎

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